Le
premier et unique album pour l’heure du groupe canadien World Image a
de quoi surprendre agréablement les amateurs de musique indépendante
inhabituelle. Huit chansons mélodieuses, compactes, minimalistes, comme
un Kurt Cobain aurait été capable d’en faire. Ambiance mystérieuse et
reposante, comme dans une forêt ou une rue déserte inondée de pluie,
sans oublier l’arc-en-ciel qui égaie discrètement le paysage. Des
chansons introspectives, aux paroles existentielles, parfois sombres,
parfois garnies d’un énigmatique sourire en coin : « if it rhymes, it’s
poetry ». Cette première fournée de World Image ne comporte pas de temps
mort. Les morceaux sont tous efficaces, mémorables et intéressants, commandant aisément la réécoute. Les pistes qui me ravissent plus particulièrement sont World Image, One Big Time, Road to Me et Oh My Sun. Toutes les compositions et paroles sont l’œuvre du leader de la formation, Malcolm Jackson Biddle, qui assure également la réalisation et le chant ainsi que le jeu de la guitare et du ruine-babines. Calen Degnan (basse) et Allan Miller lll (batterie) complètent l’ensemble. Les arrangements sont sobres, voire austères : les solos de guitare, au son épuré et agrémenté d’une simple réverbération, se résument à un seul thème, sans jamais se perdre en improvisations. Le chant est également très centré sur la mélodie principale, sans détours ni fioritures. Ce dépouillement rend la musique de World Music quelque peu difficile d’accès malgré la simplicité des structures. Elle me rappelle en ceci, justement, la frugalité de Nirvana. Les sensations à la fois douces et maussades qu’elle communique me font penser, quant à elles, à Meat Puppets. Dans l’ensemble, on sent que le groupe aime le grunge, et sa parenté avec les traditions de Seattle n’a rien d’étonnant étant donné sa proximité géographique avec cette ville (il est établi à Sechelt, en Colombie-Britannique). Il se définit d’ailleurs lui-même comme un groupe de grunge, de jangle pop et de psych pop, comme en fait foi sa page Bandcamp. En attendant leur prochaine offrande, je me plais à réécouter leur premier album éponyme, très agréable et très prometteur.
Juin 2025

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