Des structures instrumentales proches du rock alternatif des années 1980 et 1990. Côté instruments, la musique de Bar Italia renvoie à des groupes comme Sonic Youth, Duster, Blonde Redhead et Slint. Une voix féminine mi-plaintive, mi-moqueuse, tantôt susurrante, tantôt mélodieuse, oscillant entre Kim Gordon et Karen O ponctue les compositions. Faussant souvent, étalant une insécurité assumée, voire recherchée, elle brave les attentes de l’auditeur, irrévérencieuse et naturelle tout à la fois. Deux voix masculines juvéniles, passées par un filtre grésillant lui répliquent systématiquement. Des parties vocales qui se succèdent selon une logique monologique tels des récitatifs de hip-hop, le plus souvent, en faisant fi de la structure chansonnière classique du type verset-refrain. Dans l’ensemble des morceaux, la voix tient d’une couche additionnelle, superposée à la trame instrumentale, comme dans un karaoké. On a l’impression que la ligne vocale a été écrite indépendamment, que la mélodie a pris forme en toute autonomie, en épousant les instruments au gré de sa propre fantaisie, dans un espace qui lui est propre. Un peu comme dans le hip-hop à ses débuts, où l’instrumental préexistait au chant. Manu Chao a, entre tant d’autres, suivi la même recette. Cette configuration particulière des éléments de la composition a été par la suite empruntée par le trip-hop, d’où cette impression de dédoublement du monde musical. Deux mondes s’y côtoient : l’un instrumental, ambiant, extérieur à l’être humain, qui suit sa propre logique, et l’autre, vocal, qui s’y greffe comme une sorte de commentaire. On retrouve cette sensation dialogique et méta-musicale chez Bar Italia, que je ressens davantage comme un groupe de trip-hop que comme un groupe de rock. Du côté des émotions véhiculées, la musique du groupe est profonde et généreuse. Il est difficile de la cataloguer émotionnellement, tant elle est polyvalente, subtile, riche en nuances infinies. C’est ce qui distingue le bon art de l’art médiocre, à mon sens.
Il y a environ 10 ans, je suis tombé sur une suggestion de YouTube qui m’avait impressionné profondément, s’insinuant subtilement dans mon imaginaire. C’était la vidéo de Honey Bones , une vision onirique, aussi béate qu’inquiétante, où l’on voit plusieurs jeunes femmes danser devant le regard alangui de la caméra, en contrehaut, dans une sorte de rituel incantatoire, comme si nous, le spectateur, étions couchés par terre, au détour d’une hallucination qui déteint sur la réalité. La chanson elle-même, mélopée sensuelle épousant la voix nasillarde et mélancolique d’Angus Stone, se déroulait comme un serpent dansant sur fond d’accords décontractés. Un monde qui retient son haleine, monotone, sans vague, mais où perle une pointe de malice. C’était d’une simplicité puissante, bien articulée, et même si la vidéo comme la chanson n’avaient rien de particulièrement original, ils laissaient une trace durable dans l’esprit. Je revenais souvent vers cette vidéo, ne résistant pas à l’envie de...

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