On risque d’être surpris en découvrant qu’un des livres les plus traduits du monde est réputé intraduisible; qu’un des livres pour enfants les plus emblématiques n’est pas tout à fait un livre jeunesse; que l’auteur d’une aventure livresque parmi les plus insolites était connu pour sa personnalité traditionnelle, conservatrice, voire austère, et que sa figure est aussi controversée qu’entourée de mystère; qu’un narratif plutôt opaque s’est gagné un tel attachement de la part du public.
Alice in Wonderland est un effectivement livre tissu de contradictions, à l’instar de son auteur. Pour les traducteurs d’aujourd’hui et d’antan, il a toujours incarné un défi particulier, ce qui explique en partie le désir jamais assouvi de s’y essayer encore et encore, que ce soit sous la forme d’une traduction au sens propre ou de diverses adaptations ciblant des publics et des objectifs éditoriaux variés.
Une des principales singularités du livre, et ce qui le rend si défiant pour les traducteurs, consiste dans le rapport particulier qu’il entretient avec la langue et la culture. Profondément ancré dans son contexte socioculturel victorien (par les composantes satiriques qui s’attaquent à des réalités d’époque), lié d’un lien
organique à la langue (par les nombreux jeux de mots) et à la culture (par son exploitation de formes littéraires traditionnelles sur le mode de la parodie) anglaises, il revêt néanmoins un caractère universel, et ce grâce à une catégorie esthétique particulière : le nonsense. Le nonsense s’avère un véritable langage supranational qui, telle une œuvre musicale, enjambe facilement les frontières et interpelle l’imagination des lecteurs.
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