Le 21 août 2022, je suis allé regarder ces trois artistes : l’occasion pour moi de revisiter et de redécouvrir la capitale de l’Ontario.
La sonorisation était ce que j’aie entendu de plus horrible à une scène de cet acabit. Je m’explique difficilement cette faille frappante. Serait-ce que les caractéristiques acoustiques du centre Rogers ne soient pas adaptés aux spectacles de musique? En tous cas, c’est fort étonnant quand on sait que les groupes de cette renommée amènent habituellement leur propre équipe de techniciens sur les lieux.
Seuls The Strokes pouvaient se féliciter d’un son qui fasse plus ou moins honneur à leur musique. Chez les autres artistes, il s’agissait d’un brouhaha inintelligible que l’on ne peu écouter qu’en ayant des bouchons dans les oreilles.
Thundercat
La prestation et la présence même de cet artiste à un tel événement m’a paru un peu gratuite. C’était du jazz recouvert d’un vernis pseudo-punk, mi-figue mi-raisin, se soustrayant aux exigences élevées d’un public consacré au jazz et s’efforçant d’en imposer à un public punk-rock, pour qui le jazz est une affaire de « vrais musiciens ». En d’autres termes, il opte pour la facilité : il ne joue pas dans sa propre ligue. Si tu veux faire du jazz, pourquoi joues-tu avec deux groupes de rock alternatif?
Red Hot Chili Peppers
Les Peppers étaient modérément pimentés mais laissaient un arrière-goût de fruits fermentés, de nostalgie et de mélancolie, tout comme leur dernière offrande à ce jour, Unlimited Love, probablement dû à la présence de John Frusciante. Il faut dire que celui-ci a presque monopolisé le spectacle aux moments où il faisait une solo ou chantait un refrain (notamment, The Heavy Wing). C’était impressionnant, mais notre esprit râleur n’a pas gobé la beauté. Comme l’a fait remarquer ma bien-aimée, Frusciante a pu amplement se reposer pendant 10 ans, lui qui est déjà plus jeune que les autres, alors que les Peppers ont fait des tournées et fait des albums sans répit. Revenant aujourd’hui en toute splendeur, aux côtés de trois hommes épuisés (on comprend bien qu’ils le soient), lui aussi fait dans la facilité. Qui d’autre peut se vanter de faire des stades et d’incarner une vedette mondiale sans en payer le prix en épuisement, en dépression, etc.? Au fond, les albums des Peppers avec lui sonnent toujours comme s’il voulait en faire un groupe différent (lyrique et nostalgique plutôt que torride et endiablé) et les mettre à son service. Il semble près d’y arriver.
The Strokes
Quant aux The Strokes, leur performance m’a paru très bien conçue et réalisée, compacte et propre, empreinte de l’humilité qui fait le charme de ce groupe et qui manquait un peu lors de leur concert précédent à Toronto, en 2019. Ils ont bien joué, quoiqu’une certaine anémie qui leur est propre les transformât en un faire-valoir pour les fulgurants Peppers (ou du moins censés l’être). Un choix de réalisateur visant à redorer le blason de deux groupes vieillisants? C’est fort possible.
Le public, avec son vibe américain, était énorme, il débordait des gradins et inondait le hall, où une file sans fin se tenait devant chaque salle d’eau.
Je suis content d’avoir vu deux de mes groupes préférés : les héros du début de mon adolescence (les Peppers) et une découverte tardive, suivant de près le tournant de ma vingtaine (The Strokes). Quant à Tundercat, je ne serais même pas capable de reconnaître une de ses chansons si je l’entendais quelque part.
Auteur du texte: Yavor Petkov
Commentaires
Publier un commentaire