Comme le rappelle la très éclairante préface de Gilbert Pesturau, L’écume des jours est foncièrement influencé par le jazz. Le jazz se retrouve dans la texture même du roman, dans sa composition. Tout comme le jazz, le roman oscille entre optimisme éclatant et visions mélancoliques, morbides, sinistres. C’est un univers à l’eau de rose qui tourne au vinaigre en un tournemain. Ce qui accuse davantage le drame de cette dualité réside dans l’impassibilité des protagonistes, qui demeurent ingénus et résignés jusqu’à la fin, ne remettant jamais en cause l’ordre des choses, les règles de l’univers où ils évoluent. Ils gobent la monstruosité du monde environnant. Ils s’y soumettent sans broncher, heureux des brefs instants de joie que l’existence leur accorde. Comme dans un dessin animé, leur souffrance paraît anodine, a quelque chose de ludique, comme s’il s’agissait d’un moment de jeu d’enfant et non d’une situation réelle. Ce côté ludique de la tragédie mise en scène est très jazz, l...
Je lis, je vais à des spectacles et je partage. À Montréal.